Le soleil éclairait faiblement le rocher où j'étais couché de ses derniers rayons. Je me leva, m'étira et bailla à m'en décrocher la mâchoire, après la sieste que je venais d'achever. Je marchais, dans les Terres neutres, en seule compagnie de mon ombre. Depuis que j'avais quitté mon Clan adoptif, je vivais sur ces Terres, que je n'avais pas encore finit d'explorer. La vie de solitaire me plaisait, non seulement car on ne nous donnait pas de devoirs et des responsabilités à tout va, mais aussi car je n'avais plus à supporter les cris assourdissants des petits nouveaux-nés et les râlements des anciens. Néanmoins, ce que je ne supportais pas, c’était l’inaction qui occupait mais journées. C'était certes très amusant d'explorer ce coin du territoire, mais il n'y avait personne à provoquer, personne avec qui se battre, personne à qui préparer un mauvais coup. Et cela, je ne pouvais que peu le supporter.
 J'escaladai un grand rocher en quelques bonds, m’ébrouai, m’asseyais  et admire le paysage sous le soleil couchant. Le soleil se couchait tôt pour la saison, mais elle n'y prêta pas d'attention particulière. Je reste quelques minutes là, sans bouger, à observer le paysage, ces fleurs par milliers et ces graines de pissenlit voler hasardeusement dans l'espoir de donner un jour naissance à une jolie fleur jaune. Mes pattes sont fatiguées, et rien ne m'oblige à poursuivre ma route. Je m'allonge, les pattes avant croisées devant moi. Je m'endormais, quand un bruit me réveilla : quelqu'un venait d’attraper une proie. Je jeta un coup d’œil en dessous du rocher et vit un Noctali, qui semblait avoir à peu près le même âge que moi. Tiens, à mon souvenir, les Notali ne sont pas de cette couleur, d'habitude! Il doit être de ceux que l'on appellent "shiney", tout comme moi.
 Intriguée, je le regardais ce diriger vers sa deuxième victime -d'après la carcasse un peu plus loin, il avait déjà mangé un rongeur. Je n'avais pas spécialement faim, alors l'idée de lui voler sa proie par surprise ne m'inspirais guère. Par contre, l'idée de la faire fuir... Ni une ni deux, je sautais de mon rocher pour atterrir bruyamment derrière le Pokémon noir et bleu. L'air irrité -ce qui n'était pas très étonnant, mais qui me faisait rire- il m’aperçut et cria :

-Hé ! Toi, là ! Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es sur mon territoire, ici ! Déguerpis avant que je me fâche et vite ! De plus, tu as fait fuir ma souris, je ne serais sans pitié si tu résistes !

 Sa réaction, bien que menaçante, ne m'impressionna pas. Si il croyait me faire peur avec ses grands airs, ce petit Pokémon frêle, il se mettait le doigt dans l’œil! Rien ne m'empêchais de lui sauter dessus et de lui régler son compte, mais quelque chose me disais que je m'amuserai bien avec lui... Je répondit alors, provocante :

- Au secours! Je tremble de peur! Je souriais, avant de reprendre, Sérieusement, tu crois m’impressionner? Si c'était le but, ça n'a pas marché! Mais, s tu cherche la bagarre, je suis ton Pokémon.

 J'avais finit ma phrase tout en me mettant en position d'attaque. Un combat! Quoi de mieux pour se distraire? Sous les ombres que provoquait la lune montante, j'attendais la réaction du Noctali.

Dans la clairière, le Noctali et moi nous combattions du regard. Il pencha la tête de coté, et un sourire sadique se dessina sur ses lèvres. Il se mit en position d'attaque ; pour moi, c'était le signal de départ. Je bondit sur lui. Nous étions déchainés. Le soleil avait lancé ses derniers rayons, avant de s'éclipser jusqu'au lendemain. J'étais nyctalope, mes yeux virent donc très bien le petit Chlorobulle qui se rapprochait de nous. Le Pokémon en face de moi du me prendre pour une idiote, mais la vérité était que je n'en avais rien à faire. Le sentiment de la pitié n'atteignait que rarement mon cœur. Je fonçais une fois de plus sur le Noctali -et sur le Chlorobulle par la même occasion. J'allais lui assener un coup de Tranche bien placé quand il prit dans sa gueule le petit être vert et s'éloigna de moi. Mon attaque frappa le vide. Agacée, je me retournais, et je le vit mettre le petit Chlorobulle en sureté. J'observais alors le troupeau de Chlorobulles arrivant, à la nuit tombante. La nuit était maintenant noire, et la lune à son zénith. Sous la lumière des lucioles et des étoiles, les Chlorobulles, qui ne cessaient de gigoter, semblait danser. C'était magnifique.
J'osais un coup d’œil vers le Noctali ; ce dernier nourrissait les petits Pokémon de baies et de rongeurs.

- S'il te plait. Pars de ces terres.

Pfff. Comme si j'allais l'écouter... Je l'observais en silence durant un temps indéfini. Avant que je ne m'en rende compte, je me retrouvais aussi à nourrir les Chlorobulle.

- ...

Le Noctali n'avait pas encore remarqué mon action. Il ne savait pas encore que l'avoir vu soigner ses protégés avait atteint mon cœur. Tandis que l'on s'affairait en silence, je me surpris à sortir :

-Comment t'appelles-tu? À c'que j'vois, toi aussi tu est shiney! Sans attendre la réponse, je continuais. Moi, c'est Lame Lunaire. Mon nom de Clan vient du fait qu'avant, j'appartenais jadis à l'un d'eux : le Clan du Soufre. Mais, le destin à voulu qu'une révélation me sépara de lui...

Je m'assit et continua de parler de ma vie, sachant que le flot de parole sortant de ma bouche ne s’arrêterait que lorsque j’orrai divulguer toute mon histoire. Je ne savais même pas si l'autre Pokémon m'écoutait. Par contre, un groupe de Chlorobulle m'écoutais, pendu à chacun mes mots. Mon récit terminé les Chlorobulles me sourirent. Je leur rendit se sourire, en me demandant la réaction du Pokémon à mes côtés.

La lune éclairait nos pelage. J'étais assise aux côtés des Chlorobules, qui jouaient à présent avec les lucioles, en essayant de les attraper pour ensuite les relâcher. Leur manège dura un certain temps. Le Noctali, qui avait remarqué que je m'occupais des petit Pokémon, me paru d'abord étonné, puis songeur. Je me retournais et lui lançais un regard interrogateur. Son expression montrait qu'il était irrité par mes propos. Je ne cherchais pas à comprendre pourquoi. Puis il prit paroles, au bout de quelques minutes :

- Je me nomme Night. Je suis un solitaire. Dis-moi, depuis quand un Pokémon de ta trempe s'occupe des Chlorobulles ? Et pourquoi es-tu parti de ton clan ? Réponds-moi.

 Sa voie était forte, et les Chlorobules, impressionnés, reculèrent un peu. Moi, je ne bougeais pas d'un poil, en le regardant d'un air blasé. Tss, il manque pas d'cran, celui-là! Je lui parle calmement, et il en profite pour monter dans les tons?! Ha, on dirai moi! Ma dernière pensé m'arracha un sourire. C'est vrai qu'on avait à peu près le même caractère. Si on avait été dans la même pouponnière, lui et moi, dans le camps du Clan du Soufre, je suis sur qu'on aurait fait des ravages! Mais seul, le souvenir de mon ancienne vie me fit frémir de dégout. Je le regarda et lui répondit, un sourire un coin, toute mon arrogance retrouvée :

-Eho, baisse d'un ton, tu fais peur à tout le monde avec ta grosse voix! J'avais bien insisté sur mes derniers mots, pour qu'il sente bien que je me moquait de lui. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas m'empêcher de faire arranger les gens! Bien, si tu veux tant que j'te réponde... Je me secoua, comme pour me débarrasser des dernière trace de bonté qui venait d’effleurer mon cœur. Un "Pokémon de ma trempe" fait se qu'il veux si ça lui chante! Je suis une solitaire, moi aussi, alors pourquoi te crois tu plus fort? Et pourquoi j'aurai pas le droit de m'occuper des Chlorobules? Y a que toi, môsieur, qui a le droit de l'faire?!

 Je m'asseyais et ferma les yeux, laissant la brise nocturne caresser mon pelage et l'herbe de la clairière, plus bas, avant de reprendre, plus calmement :

-Et si je suis partit de mon Clan, c'est parce que le Clan du Soufre m'a mentit toute ma jeunesse sur mes origines. Je l'ai appris lors de mon baptême guerrière, en brisant la tradition pour aller voir "ma mère", histoire qu'elle m'explique tout. Je leva la tête, songeuse. En y repensant, ça ne me fais ni chaud ni froid d'être une anarchique... Enfin, assez parlé de moi. Je pense en avoir dit assez. Toi donc, parle moi de toi!

 Me redressant -hautaine, comme à mon habitude- j’attendis sa réponse. Ce Noctali n'allait quand même pas m'apprendre la respect!

 Dans le silence de la nuit, que seul les jeux des Chlorobules, rassurés par le dénommé Night, et notre dialogue venait briser, le Noctali m'écouta avant de me répondre :

- Pourquoi te dirais-je mon histoire ? Bon, excuse-moi, mais il se fait tard, et je vais me reposer, dormir.

 Je me maitrisa dans mon élan de colère, en me forçant à ne pas aller assommer le shiney, tout aussi arrogant que moi, qui s'affairait autour des baies et des couches de mousse destinées aux Chlorobules et à lui. Apparemment, le Pokémon noir et bleu n'avait pas envie de discuter, ce soir. Très bien, je voulais avoir le fin mot de l'histoire. En silence, je m'éloigna du dortoir géant pour me dégourdir les pattes. Moi, je n'était pas fatiguée. Le problème, c'est que sur l'immense rocher, je n'avais plus rien à faire, à part regarder ce Night s'occuper des petits Pokémon verts. Je baillais rien que d'y penser. Je devais être l'Absol la moins maternelle du monde. Je descendit donc du rocher et partit, sans but précis dans les hautes herbes. Je vis une petite souris, qui se baladait en nocturne. Avec toute cette histoire, j'avais oubliée ma faim, que le gargouillement de mon ventre me la remette en tête. Ma proie étant toute proche, j’eus juste à sauter pour atterrir directement sur elle et la tuer d'un coup de croc bien placé. Tout en mangeant, je réfléchit à la manière d'aborder le coincé qui dormait tranquillement de sa litière de mousse.
 J'avais fini ma proie. Je l'enterrait et me dirigea vers le rocher. Pendant mon repas, j'avais décidé de prendre le Pokémon par surprise et avec une touche de gaieté. C'est que je voulais vraiment savoir son histoire, moi! Je grimpais en tout haut : c'est d'ailleurs à cette hauteur du rocher que j'avais vu pour la première fois le Noctali. J'observais le décor plus bas. Les Chlorobules dormaient maintenant tous à poings fermés. Très bien, j'espère qu'ils avaient le sommeil lourd, car il se peut que je fasse un peu de grabuge! Je ne savais pas si Night était endormi. Je plissa les yeux, me prépara et fit un bond prodigieux de mon perchoir jusqu'au shiney et lui atterrit dessus :

- Salut salut! Je lui fit un sourire narquois. J’espère que t'as bien dormi, car je suis pas prête de te lâcher, tant qu'tu ne m'aura pas raconté ta vie! Je lui fit un clin d’œil et attendit sa réaction.

 - C'est bon, stop ! Fais ce que tu veux, je ne le dirais pas.

Le Noctali, sans doute grognon d'avoir était sorti si brusquement de son sommeil, avait décidément l'air de ne pas vouloir lâcher son histoire.
Ma parole, il est pire que moi !
Malgré cela, j’étais fière de mon coup. La tête qu'il avait sorti quand je lui est sauté dessus! Je me retînt de pouffer. Ma mine s'assombrit cependant lorsque je vis une plaie fraîchement ouverte au flanc du shiney. J'étais sans doute la cause de cela. Je m'arrêtais dans mes réflexions, en voyant l'autre solitaire faire des allers-retours dans tout les sens. Après ça, je ne fus que peu étonnée de le voire courir puis plonger dans la rivière. C'est sur qu'à faire des vas-et-viens, on fini par transpirer! Mais au fond de moi, je me doutais que son manège était aussi du à autre chose. Les émotions et les souvenirs qui avaient resurgit dans son esprit à la seule pensée de son passé ont aussi du y mettre du leur pour que le Noctali eu l'air si dépassé. Les Absol étaient doués pour prévenir les catastrophes naturelles. Ils l’étaient aussi pour percevoir les troubles des gens. Ou, du moins, moi, j'étais très sensible à c'est choses là.

 Le Pokémon avait eu le temps de faire trempette pendant qu'encore une fois j'étais perdue dans mes pensées. Ce dernier revînt sur le rocher et s'ébroua sans me prêter la moindre attention. J’esquivais les gouttelettes et m'assit plus loin.
Quel culot!
Night reprit :

 - Écoute. Je déteste parler de mon passé. donc si tu ne veux pas t'en aller, je partirais moi.

 Sur ces mots, le solitaire partit en direction de la forêt. Bien que je n'eus aucune idée de se qu'il avait subit par le passé, il ne fallait pas que ça reste sur son cœur. Il fallait qu'il en parle à quelqu'un. Être solitaire ne voulait pas dire être sans amis! Je pari qu'il n'as pas toujours vécu seul! De plus, ma nature entêtée m'obligeait à ne pas lâcher le morceau. Tandis qu'il s'éloignait dans la nuit, je sauta du rocher et le rattrapa sans trop de difficultés grâce à mes grandes pattes. Après quelques secondes de silence, je me posta en face de lui :

 - A ton tour de m'écouter. J'ai l'air d'un nunuche qui insiste, mais si je le fais, ce n'est pas en mal. De quoi que tu es souffert par le passé, il est hors de question que je te laisse filer avec ces souvenirs qui étouffent ton esprit. Je sais que cela peut être dur, car moi même j'ai du affronter cette épreuve. Et je ne suis pas dupe au point de ne pas voir que la simple pensé de ton ancienne vie te mette dans tout tes états! Je ressens très bien ces choses là. Cesse de t'opposer à moi. Même si on vient à peine de se rencontrer, saches tu peux me faire confiance. Je pari que tu ne t'es pas toujours baladé seul dans cette clairière, à t'occuper des Chlorobules.

 Je ne savais pas si mon "discours" avait était convaincant. Je n'était pas un de ces Pokémon qui savait bien parler, en utilisant de beaux mots. Je regardais le shiney en face, et m'assit en essayant d'avoir l'air le plus sure de moi possible.

 Le Noctali m'évita une fois de plus. La colère me gagna. Cette fois, c'en était trop! Très bien qu'il reste seul abandonné dans son coin, moi, j'me casse! J'eus à peine le temps de faire deux foulées que j’entendis un bruit sourd derrière moi. Il devait avoir trébuché. En me retournant, je vis que j’avais raison. Le solitaire était affalé de tout son long par terre. Je laissais échapper un soupir et m'éloigna encore. Sans me retourner. Cependant, arrivée assez loin du shiney, je me retournais pour vérifier si il était toujours là. Et il y était effectivement encore. Je mis ma patte sur mon visage en me demandant ce que cet idiot c'était fait. Je revint vers lui rapidement pour voir ce qu'il avait. Sa plaie que j'avais sans doute ouverte laissait entrer de la terre et des cailloux. Il avait l'air de beaucoup souffrir, ce qui n'était pas étonnant. De tout façon, si elle ne lui faisait pas mal, il ne serai pas la en train de grogner de douleur.
 Je n'était pas sadique au point de le laisser agoniser ici. Si quelqu'un devait mourir, il fallait que se soit rapide. Cette phrase pourrait en faire frémir plus d'un, mais c'était la dure vérité. Bref, je ne savais pas pourquoi je pensais à ça, il fallait que je sauve cet insolent. Je partis donc en quête de plantes médicinales dont j'avais encore le souvenir le souvenir.
Ma mémoire était bonne, car je trouva vite les plantes en me rappelant à peut près de leur effets : du cerfeuil, pour désinfecter la plaie, des graines de pavots pour apaiser de la douleur, de la toile d’araignée pour arrêter les saignements et de l'eau, juste pour enlever les cailloux de la plaie. Franchement, pour le coup, je me suis trouvée généreuse! Ce crétin n'avait pas intérêt à me demander quoique se soit, après ça!
Après lui avoir nettoyé sa plaie, mâché les feuilles de cerfeuil pour en extraire le jus, l'avoir étaler sur sa blessure, puis avoir appliqué maladroitement la toile d'araignée sur la plaie, je lui mis les graines de pavots devant le museau.

- Tient prend ça. Si tu n't'amuses plus à trébucher sur le racines des arbres, ça devrai passer vite fait...

Voilà que j'me mes à parler comme une guérisseuse, moi, maintenant. Je me leva et partit vers un arbre où je grimpa sans difficulté pour essayer de dormir, sans voir la réaction de Night.